BLUES SHUFFLE
Le blues défie toutes les règles de la musique européenne, ancienne et classique : la guitare d'accompagnement développe un motif d'accords majeurs pendant que le chant et la guitare solo jouent dans la même tonalité mais sur un mode pentatonique mineur. Miraculeusement, ça marche.
La seconde guitare
: accords du Blues en La
majeur
La (Ré) La La(7) Ré Ré La La Mi Ré La (Mi)
Voici une illustration parmi les plus simples : la célèbre introduction de "Junior's Wailing" du groupe anglais Steamhammer
(- ou du moins une adaptation très approximative !) .
légende
La jeu et l'écriture
On joue les accords du shuffle sur une mesure à quatre temps :
La La6 La La6
On écrit toujours simplement
La
pour toute la mesure en notation italienne. D'ailleurs, l'accord du shuffle que je nomme "6" contient bien une tonique et une sixte mais il ne contient pas de dominante. Il est aussi dépourvu de toute trace de tièrce. C'est pour éviter les dissonnances internes que produit la tièrce jouée dans un accord de guitare électrique jouée à plein volume avec un ampli à lampes. D'où le nom de "Power chord" pour le premier accord du shuffle. L'accord avec la tièrce majeure se joue d'ailleurs bien dans ces conditions mais c'est un effet très spécial à manier avec précision. Il est tout à fait courant, en revanche, de gratter l'accord majeur sur une autre guitare (les accords sont indiqués en notation italienne). Et bonjour les dissonnances quand les 7 se jouent sur les 6 ! Mais ces dissonnances font partie de la musique - et le guitariste qui joue le shuffle peut toujours "aller chercher" le 7, une case plus loin que le 6.
La deuxième ligne indique des accords "transposables". Ils ne font intervenir aucune corde à vide et on peut donc les jouer où on veut sur le manche et s'adapter à toutes les tonalités. Mais leur premier intérêt est ailleurs : les accords entièrement touchés passent entièrement sous le contrôle tactile inconscient du joueur. Je parle de nuances mais qui s'entendent immédiatement. Citons : le micro-règlage des hauteurs (jouer juste avec une guitare fausse), le vibrato, et surtout : le glissement vers l'accord le long du manche (slide) et enfin le pouvoir d'arrêter le son en déserrant simplement la touche pour toutes les notes (choke).
Soulignons, en guise de conclusion, que les accords de la deuxième ligne se jouent avec les doigts de la main gauche presque figés en un dessin qu'on déplace librement sur la touche dans tous les sens. Ceci réclame un minimum d'effort intellectuel pour le débutant qui peut se consacrer entièrement à la musique sans calculer mille et une positions de la main. Le néophyte qui, avant-hier encore, n'avait jamais tenu une guitare, peut apprendre à jouer le shuffle en quelques minutes. [ Notre néophyte a tout de même consacré toute la journée d'hier à apprendre 3 accords, mais n'isistons pas. ] Les années passent et le perfectionnement vient tout doucement mais on joue toujours le shuffle avec le même plaisir et jamais deux fois de la même façon.
Main droite : Les deux cordes sonnées se frappent avec le médiator toujours vers le bas. En ne frappant pas au retour, on impose un mouvement rapide au poignet qui produit une musique plus serrée et plus vive. Si on préfère jouer avec les doigts à la manière classique, on fait comme on veut, du moment qu'on suit le mouvement du médiator. Aucun conseil pour la main droite n'est absolu et la main droite joue d'abord et toujours avec bonheur ce qu'il lui plaît de jouer.
Voici la structure du blues dans les tonalités des accords de base de la guitare.
Chaque symbole correspond à l'accord correspondant joué pendant une mesure à quatre temps.
Mi (La) Mi Mi7 La La Mi Mi Si (La) Mi (Si) La (Ré) La La7 Ré Ré La La Mi (Ré) La (Mi) Ré (Sol) Ré Ré7 Sol Sol Ré Ré La (Sol) Ré (La) Sol (Do) Sol Sol7 Do Do Sol Sol Ré (Do) Sol (Ré)
Les accords entre parenthèses se jouent - au non - , selon le morceau. Il y a beaucoup de variantes. Aubaine inespérée pour le néophyte complet qui n'a jamais tenu une guitare : le blues à un accord - on a tout à gagner à l'explorer !
Shuffle ternaire
Shuffle binaire
Il y a beaucoup de vitesses possibles. On s'applique généralement à inclure dans son répertoire quelques blues lents qui ont tendance à être ternaires et qu'on joue de la manière la plus expressive au solo. Et les blues plus ou moins rapides, ternaires ou binaires, forment la majorité. Le shuffle est l'un des ingrédients essentiels du rock américain et anglais depuis 1950.
Chaque bluesman a son propre rythme et la meilleure façon de le connaître, c'est de l'écouter.
Les maîtres du shuffle en ont enregistré à la pelle : B.B. King, Albert King, Freddie King, Buddy Guy, J.B. Lenoir, Elmore James, Chuck Berry, John Mayall, Eric Clapton, Jimmy Page, Peter Greene, Jeff Beck, Canned Heat, Steamhammer, Rory Gallagher, Ten Years After, Les Beatles, Les Grateful Dead etc. Les bons supermerchés ont généralement des compilations tout à fait honorables et pas chères.
